Reconnaissance et scandales
Parallèlement à ces essais de reconnaissance publique, Girodet œuvrait à se constituer une clientèle privée en exposant des portraits. En octobre 1797, au palais de l’Elysée, il présenta avec son Endymion le Portrait de Jean-Baptiste Belley (daté de l’an V, Versailles, Musée national du château). Ce portrait du député noir de Saint-Domingue, représenté en pied à côté du buste du philosophe Raynal, défenseur de l’abolition de l’esclavage, était, plus qu’un portrait, un manifeste politique républicain. Réalisé sous l’influence de l’amitié de Noël, membre de la Société des Amis des noirs depuis 1788, le tableau fut de nouveau exposé au Salon de 1798 avec le Portrait du fils du docteur Trioson regardant des figures dans un livre (Montargis, Musée Girodet). Girodet figurait également à ce Salon comme l’un des artistes représentés dans L’Atelier d’Isabey de Jules Boilly, illustrant ses liens avec les personnalités du monde du théâtre, de la musique et des arts du moment. Il présenta au Salon de 1799 une étude à mi-corps de Nymphe au bain (détruite) et le Portrait de Mlle Lange. A la suite d’une critique faite à ce portrait et des reproches que son modèle lui adressa, Girodet le retira du Salon puis le lui fit parvenir, lacéré. Il réalisa alors en peu de temps La nouvelle Danaé (Minneapolis Institute of Art), second portrait de Mlle Lange, mais celui-ci satirique, qui fustigeait les mœurs de l’actrice. Le tableau, exposé seulement deux jours au Salon en octobre 1799 fit scandale et partagea les amateurs entre partisans et détracteurs du peintre qui y gagna une renommée certaine mais aussi la réputation d’un caractère ombrageux. Il exposa au Salon de 1800 les portraits de M. Bourgeon (Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin), de la comtesse de Bonneval (collection particulière) et un second portrait du fils du docteur Trioson étudiant son rudiment (Paris, Musée du Louvre). En considération de cette maxime énoncée dans son poème des Veillées : « le seul peintre d’histoire est le roi du portrait » Girodet conçut et réalisa ces ouvrages, ainsi que les suivants, comme des portraits historiés ou allégoriques.