Les années italiennes
Les tensions politiques survenues entre la France et Rome en janvier 1793 contraignirent les artistes à quitter la ville ; Girodet se réfugia à Naples en compagnie de son ami Jean-Pierre Péquignot, peintre de paysage. Au cours de ce séjour, fondamental pour sa peinture, il découvrit la poétique de cette contrée — Sorrente, Capri, Pausilippe (Golfe de Sorrente, Dijon, Musée Magnin) — et l’art des peintres étrangers qui y résidaient (Frédéric Rehberg, George Wallis, Swinburne) ; fréquentant également la société napolitaine, dont Lord Hamilton. Atteint de syphilis et de tuberculose, il fut soigné et soutenu par le docteur Domenico Cirillo. Désargenté, Girodet le remercia en peignant le tableau d’Antiochus et Stratonice (non localisé). Lorsqu’il quitta Naples, le 31 mars 1794, il se rendit à Venise où il fut accueilli par l’ambassadeur de France, François Noël. Il y poursuivit sa convalescence et ses études d’après les maîtres et le paysage puis séjourna à Florence en mars-avril 1795 avant de se rendre à Gênes en mai 1795. Terrassé par une nouvelle crise de sa maladie, il y fut recueilli par Gros, qui l’introduisit dans le milieu génois et lui procura la commande du Portrait de Giuseppe Fravegga (Marseille, Musée des Beaux-Arts). Les deux peintres scellèrent leur amitié en échangeant leurs autoportraits (Versailles, Musée national du château) avant de se quitter. Pour rentrer en France, Girodet choisit de passer par la Suisse et séjourna à Genève de septembre à novembre 1795. Son expérience italienne, initiation artistique autant qu’épreuve — il endura maladie, pauvreté et arrestations politiques — fut décisive pour sa carrière. Les études qu’il en ramena constituèrent un dictionnaire iconographique et stylistique où il ne cessa de puiser et les personnes qu’il y rencontra un cercle amical qui le soutint dans sa carrière.