(Paris 1784 – Paris 1844)
Portrait de Girodet peignant « Pygmalion et Galatée »
1821Exposé au Salon de 1822, ce tableau insolite et fascinant montre Girodet peignant son dernier grand tableau d’histoire, Pygmalion et Galatée (1819, Paris, musée du Louvre), en présence de Giovanni-Battista Sommariva (1760-1826), commanditaire de l’œuvre, et de Dejuinne lui-même. Outre La chambre de madame Récamier à l’Abbaye-au-bois (1826, Paris, musée du Louvre), Dejuinne a peint d’importantes peintures d’histoire, des portraits, des paysages, ainsi que de nombreuses scènes de genre. En se plaçant ici debout, derrière Sommariva, l’artiste se définit à la fois comme un familier du mécène, à qui il semble tenir compagnie, et comme le lieutenant de Girodet, dont il est l’élève ; il est vrai qu’à la mort du maître, Dejuinne sera considéré comme le meilleur représentant de son école, sinon comme son héritier. Le tableau montre l’atelier du maître dans les années 1810. Le mobilier représenté est authentique, au même titre que le savant désordre qui règne dans la pièce et la fait ressembler à un cabinet de curiosité. Girodet était réellement un grand collectionneur. Les objets peints par Dejuinne possèdent tous une valeur narrative et sont autant de signes qui dévoilent l’esprit du maître et les caractéristiques de son art ; ainsi des deux références de la figure de Galatée, à droite, le modèle vivant, à gauche, le moulage de la Vénus Médicis. Bien qu’elle relève de la scène de genre par son sujet et son format, l’œuvre de Dejuinne s’inscrit dans la lignée des grands portraits d’artiste et sacrifie aux règles imposées par la représentation conventionnelle de l’atelier. Ce rappel des formes les plus traditionnelles permet à l’artiste de faire de Girodet l’équivalent des grands maîtres anciens de la peinture.