Girodet face à Géricault ou la bataille romantique du Salon de 1819
Bruno Chenique, Sidonie Lemeux-Fraitot, Pascale Gardès, Gilles Malandain, Chiara Savetieri, Lucie Lachenal, Pascal Griener, Chiara Stefani, Isabelle Saint-Martin, Valérie Sueur-Hermel, Séverine Sofio, Valérie Bajou, stéphan Guégan, François-René Martin, Medhi Korchane, Susan L. Siegfried, Stephen Bann, Olivia Voisin, Valérie Tremoulet, Pascal Labreuche. Co-Editions Liénart /Musée Girodet, 2019. 463 pages. 44 euros
A l’exposition du salon de 1819 s’affrontèrent deux tableaux : Le Pygmalion et Galatée de Girodet, emblème de l’école néoclassique, et le Radeau de la Méduse de Géricault, porte-drapeau d’une avant-garde esthétique et politique.
Pour tenter de mieux comprendre ces enjeux, il convenait de se plonger dans l’immense littérature du Salon de 1819. Conscients qu’une nouvelle conception de l’art revendiquait son droit à l’originalité, et qu’elle menaçait gravement la mimesis classique, les critiques d’art se lancèrent dans un véritable combat par pages interposées, à coups de termes féroces.
Rodolphe Töpffer avoua plus tard s’être "rangé secrètement pour la Méduse de Géricault contre le Pygmalion", alors même que le duc de Berry, héritier du Trône, avait adressé à Girodet cet éloge qui en disait long sur l’usage politique de l’esthétique du tableau : "Jusqu’ici je ne vous ai exprimé que mon admiration personnelle ; maintenant je crois pouvoir vous féliciter au nom de toute la France". La bataille romantique avait commencé.